Chroniques d’un jeune confrère - Acte II
9h, ce matin, aéroport d’Orly.
Deux agents — un homme et une femme, la quarantaine — vérifient les liquides dans les sacs cabine, juste avant l’embarquement.
Une voyageuse arrive, ravie de son achat : une crème Nuxe, packaging doré très séduisant. 20 euros les 200mL.
Elle l’a achetée 15 mètres plus tôt, dans une boutique duty free, juste avant la zone de contrôle.
L’agent, calme et diplomate, lui rappelle le règlement : maximum 100mL autorisés.
La crème doit être jetée.
Je me permets une touche d’ironie : « Pratique, la boutique juste avant l’embarquement, pour devoir tout jeter juste après. »
La voyageuse :
« Très pratique, surtout pour 20 euros… »
Confuse mais sympathique, elle propose à l’agent : « Vous pouvez la garder, offrez-la à votre femme. »
L’agent observe la crème comme s’il tenait une pièce à conviction…
Moi, spontanément :
« Vous allez marquer des points ! »
Et là, sa collègue, silencieuse jusque-là, lâche naturellement :
« C’est moi qui vais devenir sa femme. »
Fin de scène.
⸻
Embarquement.
Une heure plus tard à bord.
On nous propose… des crèmes.
Même type, même contenance. En plein vol.
Moralité ?
> L’agent repart avec un cadeau de luxe (et plus si affinité) ;
> Sa collègue s’en sort avec une ouverture inattendue ;
> La voyageuse s’envole légère, avec la sensation d’avoir offert quelque chose à un (une ?) parfait inconnu.
Et moi ?
Je suis assis côté hublot (le bon côté).
J’écris ces lignes au-dessus des nuages,
Fasciné par l’ironie de certaines situations…
Et par cette confusion sublime entre le ciel et l’horizon.
Quelle beauté. ✨